Le SAGE Seudre

Le périmètre du SAGE Seudre, conforme au bassin topographique, intègre une extension sur le pertuis jusqu'à la côte sud-est de l'île d'Oléron.

Le SAGE comporte quatre grands volets :

Gouvernance

Le succès de la mise en œuvre d’un SAGE repose largement sur l’organisation des maîtrises d’ouvrage opérationnelles capables de traduire les recommandations en actions concrètes. Il est possible de distinguer ces maîtrises d’ouvrages selon leur intervention sur le petit ou le grand cycle de l’eau (Illustration petit et grand cycle).

Les maîtrises d’ouvrage assimilables au petit cycle de l’eau telles que les services publics d’eau potable et d’assainissement, sont dans l’ensemble bien organisées à l’échelle du bassin. La collecte et l’éventuel traitement des eaux pluviales sont à l’interface entre petit et grand cycle de l’eau ; à ce jour, les communes assurent ces services, induisant une réflexion sectorielle en la matière. Pourtant, la gestion des eaux pluviales, dépendante de l’occupation des sols des versants (influe sur le ruissellement) revêt une dimension plus hydrologique qu’administrative tendant à la placer dans le grand cycle.

L’organisation des maîtrises d’ouvrage grand cycle de l’eau inclut les acteurs dont l’activité a une influence sur le milieu : cours d’eau, zones humides et nappes. D’une façon générale à l’échelle du bassin, l’organisation des maîtrises d’ouvrage en matière de gestion intégrée des milieux aquatiques est perfectible. Schématiquement, la section continentale de la Seudre connaît une superposition de maîtrise d’ouvrage sans harmonisation de statuts complexifiant la gestion du fleuve ; la section estuarienne à l’inverse est plutôt caractérisée par un défaut de maîtrise d’ouvrage structurée conduisant à un manque d’entretien.

L’enjeu du SAGE est de construire et mettre en œuvre à l’échelle du bassin versant de la Seudre, une organisation pérenne des maîtrises d’ouvrage de la gestion du grand cycle de l’eau.

Qualité des milieux

L’attention portée à la qualité des milieux répond avant tout à une logique s’attachant à restaurer les services rendus par l’écosystème dans la mesure où ces derniers sous-tendent les problématiques quantitatives et qualitatives. L’intervention humaine sur l’ensemble de l’hydrosystème de la Seudre a modifié le fonctionnement des milieux aquatiques et, en fonction des modes de gestion, peut entrainer l’altération de leurs fonctionnalités.

Ce volet du SAGE s’articule autour de deux thèmes : la continuité écologique / l’hydromorphologie et les zones humides.

Services écosystémiques

Les services écosystémiques sont les conditions et processus par lesquels l’écosystème satisfait le bien-être et les besoins de l’Homme.

Ils se divisent en quatre catégories :

  • Approvisionnement : les nappes phréatiques servent à la production d’eau potable, l’estuaire à l’élevage des huîtres, etc.
  • Régulation : le lit majeur sert à l’expansion de crue, les zones humides au soutien d’étiage, la ripisylve à l’autoépuration des eaux de ruissellement, etc.
  • Culturel : les paysages offerts par l’aspect préservé des milieux aquatiques sont un facteur d’amélioration de la qualité de vie et de développement du tourisme, la qualité du cours d’eau conditionne la pratique d’activités récréatives, etc.
  • Support : service transversal sous-tendant les trois catégories précédentes. Par exemple, l’altération d’un milieu entraine la disparition de ses habitats (au sens écologique du terme) et par conséquent compromet les services d’approvisionnement liés aux espèces dépendantes de ces habitats.

Continuité écologique / hydromorphologie

La continuité écologique et l’hydromorphologie d’un cours d’eau sont interdépendantes. La continuité écologique définit la capacité de transit des espèces et des sédiments ; elle s’envisage dans deux dimensions :

  • Longitudinalement
    circulation d’amont en aval pour les sédiments et dans les deux sens pour les espèces ;
  • Transversalement
    capacité du cours d’eau et des espèces à occuper temporairement le lit majeur.

Littéralement l’hydromorphologie est l’étude de la forme des cours d’eau. Les discontinuités induites par les obstacles du lit mineur peuvent perturber les mécanismes de régulation hydromorphologiques.

Le corridor fluvial de la Seudre continentale (lit mineur + lit majeur) est marqué par une très forte anthropisation. Héritage des campagnes d’assèchement du 19e siècle (cf. bassin moyen), le cours principal de la Seudre est en grande partie constitué d’un canal compartimenté par des barrages, collecteur principal des fossés de dessèchement de la zone humide alluviale. Aujourd’hui, le fleuve et ses milieux connexes fonctionnent conformément à leur aménagement, assimilable à une dégradation hydromorphologique : compartimentation (14 ouvrages sur 27 km en écoulement permanent), recalibrage, rectification de méandres, dégradation des peuplements végétaux des berges (ripisylve).

En l’état, les services écosystémiques tels que la régulation naturelle des débits par les zones humides (expansion de crue ou soutien d’étiage) ou la continuité écologique nécessaire à la reproduction des espèces migratrices ne sont plus assurés. Les modifications de la dynamique d’écoulement entrainent des phénomènes d’érosion ou d’accumulation. Le lit mineur surdimensionné et rectifié accélère les écoulements accentuant les situations d’étiage par une vidange plus rapide des nappes d’accompagnement et les inondations en facilitant l’écoulement des eaux vers l’aval.

La ripisylve altérée contribue à l’accélération du ruissellement, au transfert de pollution et à l’accentuation des phénomènes d’érosion.

L’estuaire de la Seudre, à l’instar de la section continentale, a également connu d’importants aménagements sur les marais salés (cf. étape 12 et 13).

L’enjeu du SAGE sur le volet "continuité écologique / hydromorphologie" est de restaurer les continuités et de rééquilibrer les mécanismes d’autorégulation hydromorphologique.

Gestion des espèces invasives

Gestion des espèces invasives

Egalement appelées espèces exotiques envahissantes, elles caractérisent les animaux ou les végétaux, introduits par l'Homme dans un écosystème et perturbant son fonctionnement. La Seudre est un milieu propice pour ces espèces, en raison notamment des faibles dynamiques d’écoulement, de la richesse des eaux en termes de nutriments et de l'ensoleillement de la rivière lié à une végétation des rives irrégulière.

Les végétaux aquatiques exotiques invasifs

Un large tiers aval du cours continental de la Seudre, ainsi qu'un affluent de rive droite sont colonisés par la jussie (ludwigia peploides). Un foyer récent, mais relativement important, d'élodée du canada (elodea candensis) a été identifié dans la partie amont de la section en écoulement permanent de la rivière. Le peuplement végétal invasif observé sur le cours principal est caractéristique d'une phase de colonisation.
La régulation des végétaux invasifs repose d'une part, sur l'arrachage et d'autre part, sur la restauration de conditions moins favorables à leur présence (restauration de vitesses d'écoulement plus importantes, diminution des concentrations en nutriments, augmentation de la proportion ombragée sur la rivière).

La Jussie (ludwigia peploides)

Les animaux aquatiques exotiques invasifs

Les principales espèces animales, considérées invasives, présentes sur le bassin sont le ragondin (Myocastor coypus), l'écrevisse de louisianne (Procambarus clarkii), l'écrevisse américaine (Orconectes limosus), le crabe chinois (Eriocheir sinensis). Leur présence et notamment leurs terriers, contribuent à la déstabilisation des berges et parfois à la dégradation d'ouvrages hydrauliques.
D'autres espèces sont identifiées : la tortue de floride (Trachemys scripta elegans), l'ibis sacré (Threskiornis aethiopicus), le poisson chat (Ameiurus melas, Ictalurus melas, Silurus melas), la perche soleil (Lepomis gibbosus).
Un des enjeux de la régulation des espèces animales invasives consiste, lorsque les méthodes de lutte sont connues, à maintenir voire à intensifier la régulation. La communication sur le comportement à adopter en présence d'espèces invasives est également un moyen à déployer afin de limiter leur propagation.

Un ragondin

Terrier de ragondin et une érosion de berge accentuée par les terriers

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Zones humides

Depuis l’antiquité jusqu’à la période contemporaine, l’image négative véhiculée par les zones humides, fondée sur des visions mythiques, un souci hygiéniste, ou des fins agricoles, a donné lieu à de multiples textes et planifications visant à les assécher. Aujourd’hui, le rôle de ces milieux dans le fonctionnement des hydrosystèmes, et plus généralement de l’écosystème, est mieux connu et permet d’évaluer l’impact de plusieurs siècles d’aménagement des zones humides sur le fonctionnement actuel des milieux aquatiques.

Les aménagements conduisant à la réduction voire à la disparition du caractère humide des marais entrainent également la perte des services écosystémiques rendus par ceux-ci. Parmi les principaux services, on peut citer : la régulation des débits des fleuves (zone d’expansion en période de crue, soutien des écoulements en période de basses-eaux), la recharge des nappes souterraines, l’épuration des eaux, le stockage du CO2. Les zones humides occupent environ 20 % de la surface du bassin versant de la Seudre. Les marais salés des bords d'estuaire représentent un peu plus de 9 000 ha. Près de 5 300 ha de marais doux sont répartis entre les dépressions du sous bassin estuarien et le lit majeur de la Seudre continentale moyenne. Outre la salinité, la distinction entre ces milieux se fait avant tout par leur singularité en termes de milieu, de fonctionnement hydraulique, mais aussi d'usages.

L’enjeu du SAGE sur le volet zones humides est de restaurer les services écosystémiques aujourd’hui altérées par les usages ou l’abandon.

Les zones humides douces

Les zones humides douces, qu’il s’agisse de celles du lit majeur, des marais rétro-littoraux de l’estuaire amont ou des dépressions de la Presqu’île d’Arvert, étaient traditionnellement valorisées par l’agriculture et plus particulièrement l’élevage extensif sur prairies. Les aménagements facilitant leur ressuyage sont anciens et permettaient une gestion relativement haute des niveaux d’eau. L’apparition dans les années 70 de pratiques culturales intensives en zone humide s’est traduite par une gestion plus basse des niveaux d’eau, accompagnée d’aménagements facilitant le drainage. Le dessèchement précoce des terres, nécessaire à l’entrée dans les parcelles pour les semis, a entre autres entrainé une altération de la capacité de soutien d’étiage de ces milieux.

Les zones humides de la dépression de la Presqu’île d’Arvert, en rive gauche du bassin estuarien, sont également soumises à une pression liée à l'urbanisation combinant satisfaction de la demande d'espace par l'usage de terrains situés en marais et accélération du ruissellement par imperméabilisation des sols.

L'enjeu principal autour des marais doux est de parvenir à concilier leurs usages et le fonctionnement du milieu.

Les zones humides salées

Les marais salés des bords de l'estuaire de la Seudre ont été à la fois structurés et entretenus par et pour l'activité productive à laquelle ils étaient dédiés. Désormais, la rentabilité de leur exploitation semble ne plus justifier les coûts induits par leur conservation. Aussi, ces espaces éminemment régulés par l'Homme connaissent un phénomène de déprise. Faute d'entretien, ils tendent à retrouver le fonctionnement naturel de la vasière sur laquelle ils ont été fondés. Cette évolution est fréquemment connotée de façon négative.

L'enjeu principal autour des marais salés réside dans la restauration d'activités capables d'assurer le maintien de ces espaces.

Visions mythiques des zones humides

Dans l’imaginaire collectif occidental, l’appréhension des zones humides fait appel à des peurs très anciennes. Ces craintes trouvent probablement leurs racines dans la mythologie grecque pour laquelle les marais sont étroitement associés à la mort, représentant le passage du monde des vivants à l’au-delà par le franchissement du lac marécageux de l’Achéron.

La nature même des zones humides, étendues planes à la végétation dense, sur lesquelles l’orientation et la circulation sont difficiles, nimbées de brume à la tombée de la nuit, jette un décor propice à l’émergence de toutes les affabulations. Elles étaient peuplées d’êtres surnaturels, comme l’hydre des marais de Lerne tuée par Hercule en guise de second de ses douze travaux ou la vouivre des légendes franc-comtoises. On pouvait encore y apercevoir de fantomatiques feux follets (désormais rationnalisés par la combustion de gaz issus de la décomposition de la matière organique).

Lieux sacrificiels de l’âge du fer, repaires de brigands ou théâtre de pratiques hérétiques, les zones humides ont longtemps fait l’objet de croyances relevant du paganisme rural et motivant largement leur éradication.

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Gestion quantitative

La satisfaction de l'ensemble des usages de l'eau sur le bassin de la Seudre mobilise en moyenne 17,6 hm3/an. Environ 69 % des prélèvements sont destinés à l'agriculture, 28 % à la production d'eau potable et 3 % à l'industrie. Près de 13,6 hm3 (77 %) sont captés principalement dans la nappe d'accompagnement de la rivière (cf. fonctionnement hydrogéologique | Etapes 1 et 2). Plus de 80 % des prélèvements en nappe ayant une incidence sur l'écoulement de la Seudre ont lieu en période estivale, soit 12,5 hm3 (2,7 hm3 pour l'eau potable et 9,8 hm3 pour l'irrigation).

(cf. Illustration A)

 

Avant 1985 (outre la sècheresse de 1976), le débit de la rivière descendait rarement en dessous du débit critique (DCR=25 l/s) et restait supérieur au débit objectif (DOE=100 l/s) 3 années sur 4. A partir de 1985, les périodes en dessous du DCR sont devenues coutumières (12 années sur 23) et l'écoulement conforme au DOE, exceptionnel (3 années sur 23). Cette récurrence des périodes d'étiage, témoigne de la surexploitation des niveaux aquifères d'accompagnement.

Débit de référence en dessous duquel seuls les prélèvements satisfaisant les exigences de la santé, de la salubrité publique, de la sécurité civile et de l’alimentation en eau potable sont autorisés.
Débit de référence permettant l’atteinte du bon état des eaux et au-dessus duquel l’ensemble des usages sont satisfaits en moyenne 8 années sur 10.

(cf. Illustration B)

 

 

L'enjeu autour de cette problématique du SAGE réside dans la poursuite et l'approfondissement de la politique de gestion quantitative visant à équilibrer les prélèvements et la capacité du milieu à les soutenir.

Gestion qualitative

La qualité de l’eau est définie au travers de différentes grilles d’interprétation des analyses. Chaque grille constitue le prisme au travers duquel la qualité de l’eau sera jugée et chaque usage se distingue par un prisme qui lui est propre.

Qualité des eaux de baignade et des eaux conchylicoles

La baignade et la conchyliculture partagent, dans leur grille d’analyse de la qualité de l’eau, un paramètre commun qu’est la microbiologie. Bien que régies par des règlementations différentes, ces activités sont conditionnées par une limite de concentration en microorganismes pathogènes dans l’eau (en l’occurrence e. Coli). Les zones les plus soumises aux pollutions bactériologiques sont aujourd’hui connues. Néanmoins, les sources de contamination ne sont pas toujours clairement identifiées.

Les produits de la conchyliculture sont également soumis à des seuils de concentrations en produits chimiques, fixés par la règlementation sanitaire et observés dans la chair des coquillages. Le cadmium, faisant partie des composés règlementés, est un métal lourd toxique. Il est détecté sur certains secteurs de l’estuaire et du pertuis. Les concentrations observées sur l’amont de l’estuaire sont préoccupantes puisque très proches du seuil sanitaire.

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Qualité des eaux destinées à la potabilisation

L’eau potable quant à elle est soumise à des limites de qualité intégrant la microbiologie et la chimie. Certaines ressources du bassin ont dû être abandonnées en raison de concentrations trop élevées en nitrates et pesticides. La principale zone de captage d’eau destinée à la potabilisation (cf. Etape 9) est vulnérable aux pollutions par les pesticides et les nitrates.

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Qualité selon la Directive Cadre Européenne (DCE)

La Directive Cadre Européenne sur l’eau de 2000 instaure une obligation d’atteinte d’un bon état des eaux qu’elle définit selon des paramètres chimiques et biologiques. A cette fin, chaque pays membre suit la qualité des eaux de portions d’un organisme fluvial appelées masses d’eau. Sur le bassin de la Seudre, la plupart de ces dernières (15/17) sont classées en état "moyen" pour l’année 2013. Dans l’ensemble, les eaux ont une charge organique relativement importante et leur oxygénation est faible. Cet état repose sur la conjonction de plusieurs facteurs. D’une part des facteurs naturels comme les écoulements lents induits par les faibles pentes du bassin, la circulation des eaux en marais (naturellement riches en matière organique), l’alimentation par des eaux de nappes (plus faiblement oxygénées que les eaux de surface). D’autre part, ces conditions sont exacerbées par les modifications anthropiques du fonctionnement de l’hydrosystème : enrichissement en nutriments (principalement nitrates), stagnation des eaux en amont des ouvrages, altération des régimes hydrologiques. Cette dégradation des eaux du fleuve se traduit clairement par les déséquilibres observés des indices mesurant la qualité des peuplements piscicoles.

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L’enjeu autour du volet qualitatif est le rétablissement et le maintien d’une qualité satisfaisante des eaux au travers du prisme des usages (conchylicole, baignade, eau potable). Sur la Seudre, l’atteinte du bon état des eaux superficielles au regard de la DCE est quant à elle une problématique dite transversale. C’est-à-dire que la restauration et la préservation ne passent pas par une action particulière, mais par un faisceau d’actions touchant l’ensemble des volets du SAGE : rétablissement des régimes hydrologiques, restauration de la continuité et des fonctionnalités des zones humides, etc.

 A   Répartition des prélèvements annuels (million de m3)

 
 
 

Eau potable - Prélèvement estival

 

Eau potable - Prélèvement reste de l'année

 

Agriculture - Prélèvement reste de l'année

 

Agriculture - Prélèvement estival

 

Industrie

 

 

 B   Débit caractéristique d'étiage