Visite du bassin :   
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  • Bassin moyen
  • Bassin aval

Le fleuve

Dans le sud de la Charente-Maritime, la Seudre prend sa source sur la commune de Plassac pour se jeter, après un parcours d'environ 64 km, dans la baie de Marennes-Oléron. Ce petit fleuve côtier dont le bassin versant, avoisinant les 750 km², réunit tout ou partie de 67 communes, entre le bassin de la Charente au nord et l'estuaire de la Gironde au sud.

La vallée de la Seudre prend place entre les reliefs modérés de l’anticlinal saintongeais (ou de Jonzac) et les coteaux de Gironde, dans un contexte géologique très largement dominé par des formations calcaires. Ce "support" perméable induit une étroite relation entre l’écoulement du fleuve et les nappes d’eau souterraines dites aquifères. Ainsi, la Seudre est essentiellement alimentée par trop-plein des nappes phréatiques, souvent qualifiées de "nappes d’accompagnement". La variabilité saisonnière du niveau d’eau dans ces nappes, appelée piézométrie, influence leur relation avec l’écoulement de surface. Elle induit notamment la définition deux secteurs distincts sur le fleuve en amont de Saujon, Seudre dite continentale :

  • le bassin amont (des sources à Chadeniers) sur lequel le fleuve s’assèche naturellement en période estivale
  • le bassin moyen (de Chadeniers à Saujon) sur lequel l’écoulement est réputé permanent.

Bassin versant
Espace sur lequel l’ensemble des eaux de pluie ruissellent vers le même cours d’eau.

Anticlinal
Pli d’une couche géologique en forme de dôme.

 

Fonctionnement hydrogéologique simplifié de la Seudre amont

 

Source SMASS

Le bassin amont

Le fonctionnement de la Seudre sur ce secteur est principalement lié à sa relation avec une nappe formée dans les calcaires des époques turonienne et coniacienne (87 à 92 000 ans - crétacé supérieur). Cet aquifère, dit turo-coniacien, s’est formé à la faveur d’un réseau de cavités appelé karst, lié à la dissolution du calcaire par les eaux de pluies. Ceci lui confère un fonctionnement caractérisé par une capacité de stockage importante et une vidange rapide. Ainsi, la Seudre est alimentée par l’aquifère karstique turo-coniacien en période de hautes eaux ; elle se retrouve "perchée" au-dessus du toit de la nappe en période de basses eaux et s’assèche naturellement, conférant au secteur un écoulement intermittent.
Le bassin amont est ainsi défini par l’intermittence de ses écoulements, il s’étend des sources au barrage de Chadeniers (cf. Etape 3).

Le bassin moyen

Il s’étend du clapet de Chadeniers sur la commune de Gémozac à l’écluse de Ribérou sur le port de Saujon.
Sur ce secteur, le fleuve capte majoritairement les eaux d’une nappe formée dans les calcaires cénomaniens (92 à 96 000 ans - crétacé supérieur). La porosité de cet aquifère est moins importante que celle du turo-coniacien, le karst étant comblé par des sables et des argiles. Ceci lui confère une capacité de stockage moins importante et une vidange plus lente. Ceci étant, la piézométrie de cette nappe est réputée être toute l’année supérieure à la cote du fond du lit. Ce secteur est naturellement en écoulement permanent.

Le bassin aval ou estuarien

Le bassin aval (ou estuarien), séparé du bassin continental (moyen + amont) par l’écluse de Ribérou est soumis à l’influence de la marée.

Etape 1 - Le secteur des dolines

Le contexte karstique du bassin amont s’exprime entre autres par un nombre considérable de dolines. Ces petites dépressions, à la faveur de l’affleurement des nappes formées dans les calcaires forment ce que la toponymie locale appelle des "fonts", pour fontaines ou sources. L’une de ces dolines est considérée comme la source officielle de la Seudre ; formée dans l’affleurement coniacien, elle se trouve sur la commune de St-Genis-de-Saintonge à environ 35 m d’altitude. Le niveau d’eau dans la dépression dépend principalement de celui de l’aquifère de l’étage coniacien.

 

Etape 2 - La Seudre amont

Sur son parcours amont la Seudre est un petit ruisseau aux allures parfois plus proches du fossé de drainage que du cours d’eau. Secteur rural le plus boisé du bassin continental (forêt de la Lande), il se distingue du reste du bassin par une activité viticole encore bien implantée.

 

Etape 3 - Chadeniers

Premier ouvrage à clapet, il marque le début de la Seudre continentale réputée en écoulement permanent.

 

Etape 4 - Les marais de la Seudre continentale

Les marais alluviaux de la Seudre continentale ont fait l’objet d’importants aménagements depuis le début du XIXe siècle. En effet, au XIXe siècle, l’influence de la marée se faisait ressentir sur la Seudre jusqu’à Corme-Ecluse, entraînant la stagnation des eaux douces et provoquant d’importantes épidémies de typhoïde. En 1838, le premier Syndicat des Marais fut créé dans le but d'assainir la vallée et de mettre en culture les terres basses. A cette fin, les marais alluviaux de la Seudre continentale furent drainés, la Seudre recalibrée, rectifiée et canalisée, de façon à évacuer le plus rapidement possible vers l’aval les eaux des nappes affleurantes. Ces travaux combinés à la mise en place d’un réseau d’ouvrages ont permis la mise en culture des "marais". Cet usage induit aujourd’hui une régulation des niveaux d’eau visant un dessèchement précoce des terres.

 

Etape 5 - Les marais tourbeux

Sous-ensemble des marais de la Seudre continentale, les marais tourbeux couvrent environ 850 ha de l’amont de Chadeniers jusqu’à Corme-Ecluse. Les tourbières jouent un rôle important d’un point de vue écologique et hydrologique. En effet, leur importante capacité de rétention d’eau leur permet de retarder les situations d’assèchement du fleuve lorsqu’elles sont fonctionnelles. En ce sens ce secteur est stratégique en matière de gestion quantitative du bassin versant.

La formation de cette tourbière fluviogène, phénomène lent n’excédant pas 1 mm par an, permet compte tenu de l’épaisseur accumulée (par endroit supérieure à 4 m), d’évaluer son âge entre 4 000 et 5 000 ans. Les conditions favorables à la formation de tourbe ont pu s’installer vers la fin de la dernière remontée du niveau marin appelée transgression flandrienne, induisant la stagnation des écoulements continentaux. Les conditions de lagune saumâtre présentes à l’époque en aval de de Corme-Ecluse expliquent l’absence de tourbe sur cette section du bassin.

Cette tourbière a connu les mêmes aménagements que l’ensemble du marais du lit majeur. La valorisation agricole (élevage puis mise en culture) a arrêté la formation de la tourbe en faisant disparaître la végétation turfigène originelle et abaissant les niveaux d’eau pour l’entrée dans les parcelles.

Le peuplement forestier dit de "bois mou" est un vestige de ce que pouvait être la vallée tourbeuse de la Seudre.

 

Tourbière
Zone humide dont le sol est constitué de tourbe, elle-même formée par l’accumulation sur de longues périodes de végétaux partiellement décomposés.

Fluviogène
Qualifie la formation d’une tourbière dans la vallée d’un cours d’eau. Ce dernier circule dans la tourbière.

Turfigène
Se dit des espèces végétales productrices de tourbe comme les sphaignes.

Etape 6 - Vieille Seudre / Seudre canalisée

Compte tenu des faibles pentes et des formations tourbeuses dominant plus de la moitié du cours du bassin moyen, la morphologie de la Seudre originelle devait être très différente de celle de la Seudre contemporaine. Il est fort possible que le lit majeur ait connu un écoulement diffus avec plusieurs chenaux sinueux plus individualisés.

Aujourd’hui, "les Seudres" sont deux. Ce tracé à chenaux multiples, résulte d’un aménagement motivé par un souci hygiéniste, finalisé au début du XXe siècle (cf. Etape 4).

La persistance de la "Vieille Seudre" est liée à ses aménagements les plus anciens. En effet, le cours de la rivière comportait des moulins (cf. Etape 7), ainsi, lors des travaux de canalisation, il fut nécessaire de maintenir en eau les sections sur lesquelles il était fait usage de l'énergie hydraulique. Aujourd'hui, quelques sections de l’ancien cours sinueux persistent et cohabitent avec les canaux d’alimentation des moulins, appelés biefs, alimentés à partir de la section canalisée pour former un réseau de cours d’eau complexe.

 

Etape 7 - Les moulins de la Seudre

Autrefois terres de blés, l’activité meunière prospérait sur le bassin de la Seudre. Malgré une exposition très favorable aux vents d’ouest et de nord-ouest, la production de farine "éolienne" était complétée par une fabrication "hydraulique". Bien que l’activité meunière ait pris fin dans les années 1850 avec l’avènement des minoteries, 42 moulins à eau persistent sur le bassin dont 7 animés par la marée. Certains ont été sauvés de la destruction grâce à une réhabilitation résidentielle ou hôtelière. Le moulin à marée des Loges, exemple d'un patrimoine exceptionnel, est désormais la propriété du Conservatoire du Littoral.

  • Le moulin de la Motte de Pons

 

Etape 8 - Les ouvrages de la Seudre continentale

La campagne de travaux hydrauliques entrepris sur le lit majeur de la Seudre (cf. Etape 4), au-delà de l’intervention sur le réseau hydrographique a également donné lieu à la construction de barrages à batardeaux. Ils furent installés avec un double objectif : dériver une partie de l’écoulement de la Seudre canalisée vers la vieille Seudre et les biefs des moulins ; réguler de la ligne d’eau dans les marais du lit majeur.

Aujourd’hui, le cours de la Seudre est jalonné de 8 ouvrages restaurés à partir de la fin des années 90 remplaçant les anciens batardeaux par des clapets basculants. Cette rénovation, réalisée par le Syndicat Intercommunal d’Aménagement Hydraulique de la Seudre, au-delà de la modernisation du système de barrages, visait plusieurs objectifs : réguler la ligne d’eau pour l’agriculture des bords de Seudre ; retenir les eaux au printemps pour le soutien d’étiage en été ; écrêter les débits de crue notamment pour protéger Saujon.

Les seuils de Beaunant

 

Les seuils de Beaunant

Cet ouvrage a fait l’objet d’une restauration de franchissabilité piscicole en 2009. L’objectif de cette opération consiste à restituer au cours d’eau sa continuité écologique en permettant aux poissons de franchir un ouvrage auparavant bloquant, compromettant ainsi leur cycle de vie. L’anguille est la principale espèce ciblée par cet aménagement, les fleuves de la façade atlantique étant propices au développement de cette espèce.

Les anciens batardeaux ont été remplacés par une série de seuils fixes en enrochements.

Etape 9 - Bourgeoisie / Pompierre - prélèvement eau potable

Les prélèvements d’eau potable de la Bourgeoisie sur la commune de Saujon et de Pompierre sur la commune du Chay sont les captages les plus importants du bassin. Exploitant l’aquifère libre du coniacien ils constituent la ressource majeure satisfaisant l’importante demande en eau potable du secteur touristique de la presqu’île d’Arvert.

 

Etape 10 - Port de Ribérou

Sur la commune de Saujon l’écluse du port de Ribérou, anciennement "pont des eaux contraires" marque la limite entre la Seudre continentale et la Seudre maritime. Ouvrage le plus important du bassin en termes de dimensions, il fut implanté dans les années 1830 pour déconnecter la Seudre continentale de l’influence de la marée. L’écluse est associée à un bassin de rétention amont appelé la "taillée" permettant le stockage des eaux du fleuve en marée haute.

La passe à civelles de Ribérou

 

La passe à civelles de Ribérou

Lors de la restauration de l’écluse en 2009 un système permettant le franchissement de l’ouvrage par les alevins d’anguilles (civelles ou pibales) a été installé. Il participe à la restauration de la continuité égologique en favorisant le déroulement d’une partie du cycle de vie de l’anguille sur le bassin de la Seudre.
www.migrateurs-charenteseudre.fr

Etape 11 - Zones humides retro-littorales - marais de Dercie

Ces terres basses, d’une altitude variant entre 0 et 5 m, se trouvent de part et d’autre de Saujon. Leur relief quasiment plat leur confère une capacité naturelle d’écoulement limitée. Elles reçoivent d’une part le ruissellement des versants et d’autre part, drainent les eaux des nappes sub-affleurantes. A l’instar de la zone humide du lit majeur de la Seudre continentale (cf. Etape 4), elles ont également été desséchées par l’intermédiaire d’un réseau de fossés et de canaux. La zone humide des marais de Dercie - La Pallud est traversée par le canal du même nom. Ce dernier a la particularité d’avoir été creusé avec un double objectif : d’une part une fonction de drain pour la gestion des niveaux d’eau dans la zone humide et d’autre part, détourner les eaux du Griffarin. Cet affluent de rive droite de la Seudre prend sa source sur la commune de St-Romain-de-Benet. Jusqu’au XVIIIe siècle il rejoignait la Seudre au lieu-dit Pompierre ; son détournement devait servir à désenvaser le port de Dercie.

 

Etape 12 - Les marais salés de l’estuaire

En découvrant l’estuaire de la Seudre et ses marais salés, l’intégration au paysage de la culture des huîtres est si forte qu’elle semble présente depuis toujours. Pourtant l’ostréiculture en tant qu’activité économique n’a pas plus de deux cents ans…

Couvrant environ 9 000 ha, les marais salés de l’estuaire de la Seudre constituent un des plus grands ensembles de marais maritimes d’Europe.

Exploités depuis l’époque romaine pour la production de sel, le marais salé de Seudre est aujourd’hui majoritairement constitué de prises endiguées, vestiges des salines bâties entre le VIe et le XVIIe siècle. Véritable pôle économique européen, il participait alors largement à l’approvisionnement en sel de l’Angleterre et des pays baltes. En ce temps-là les huîtres, interdites dans les marais salants, étaient conservées par les sauniers dans de petits bassins creusés sur la vasière à l’extérieur des prises, les gardours. De leur usage originel, emprunts de vase servant à consolider les digues, ils devinrent fortuitement les premières claires d’affinage.

L’ostréiculture deviendra en Seudre une activité économique au XVIIIe siècle avec le déclin de la saliculture. A cette époque, le système hydraulique sera profondément modifié pour adapter les marais salants à l’élevage en claires et constituer le marais tel qu’il est aujourd’hui. Aujourd’hui l’ostréiculture est une activité économique majeure du bassin, assurant la production d’environ un quart des huîtres commercialisables du pays.

Les prises du marais salé

 

Les prises du marais salé

Le principe élémentaire de la saline est l’évaporation de l’eau de mer pour en récupérer le sel. Pour y parvenir, la technique consiste à réchauffer l’eau par un parcours dans divers bassins, avant de l’amener sur les tables saunantes, ultimes bassins de très faible profondeur (quelques centimètres) sur lesquels l’action conjuguée du soleil et du vent en évaporant l’eau, fait cristalliser le sel. De façon à maîtriser la circulation de l’eau, il faut déconnecter la saline du mouvement des marées. Ainsi, la première étape de la création d’un marais salant consiste à lever une digue sur la vasière pour isoler hydrauliquement une sorte d’alvéole appelée "prise" dans laquelle seront créés les bassins nécessaires au processus.

Etape 13 - Les ouvrages hydrauliques du marais salé

La construction du marais salé par et pour les activités successives qu’il a connu induit un système de maîtrise hydraulique particulièrement complexe. Plus de 390 km de digues, appelées localement "taillées" isolent les prises de la marée. Ce réseau est équipé de plus de 1500 ouvrages de régu lation allant de la "Varagne" au siphon permettent de contrôler l’entrée et la sortie d’eau dans les différents chenaux.

Aliénation du Domaine Public Maritime (DPM) en Seudre

 

Aliénation du Domaine Public Maritime (DPM) en Seudre

Légalement défini par la limite atteinte par les plus hautes mers, le DPM est réputé inaliénable et imprescriptible. Hors en Seudre, son occupation liée aux activités de production (saliculture puis ostréiculture) est ancienne. Officialisée par l’arrêté du 7 décembre 1779 du maréchal duc de Richelieu (petit-neveu du cardinal), ses bases légales furent posées par l’ordonnance du 6 octobre 1841 de Louis Philippe, accordant aux pêcheurs (huîtriers) la pleine propriété de leurs claires. Le décret impérial du 26 mai 1866 entérine cette aliénation en ordonnant à l’Administration des Domaines la vente de ces terrains. Aujourd’hui la limite entre domaine public et privé n’est pas toujours clairement établie sur le marais salé de Seudre.

Etape 14 - Marais de La Tremblade, d’Avert et St-Augustin

Les zones humides de la dépression centrale de la presqu’île d’Arvert reçoivent d’une part le ruissellement de leurs bassins versants mais captent également les nappes sous-jacentes. Vestige de l’ancien Golfe de Barbareu, ces milieux à l’état naturel sont quasiment clos depuis le IXe ou Xe siècle. Leur altitude s’étend entre 0 et 4 mètres. Les premiers travaux visant à réguler le niveau des eaux du golfe datent du XIe siècle et consistèrent au creusement d’un canal améliorant le fonctionnement de la passe de Bréjat (actuel marais de Bréjat à La Palmyre), exutoire naturel vers l’estuaire de la Gironde. Puis, successivement entre le XIIIe et le XVe siècle, les canaux dits de "la Lasse" puis du "petit pont" à la Tremblade et "de la mer" à Chaillevette furent creusés, offrant au Barbareu plusieurs exutoires vers la Seudre. Ces derniers, toujours en service aujourd’hui (excepté celui de la Lasse), assurent l’évacuation des eaux excédentaires des marais d’Arvert - St-Augustin et de La Tremblade.

 

Etape 15 - Le Pertuis

C’est le nom donné au détroit situé entre l’Ile d’Oléron et le continent. Débouché des eaux de la Charente et de la Seudre, ce site est propice au développement des coquillages et constitue de ce fait le support d’une importante activité conchylicole. Ainsi, il accueille une des phases de production des huîtres, le grossissement s’effectuant sur des tables installées sur les bancs de sable découvrant à marée basse.